Pierre laurent, nouveau secrétaire national du PCF

Publié le par Parti Communiste Français section Eu le Tréport

Des ambitions communistes pour le vingt-et-unième siècle

 

Le nouveau secrétaire national a été, pendant plus de vingt ans, journaliste à l’Humanité et à l’Humanité Dimanche. 
Son objectif est de contribuer à donner un nouveau départ à un parti communiste transformé.

En cette fin de journée, veille de congrès, après une réunion au conseil régional d’Île-de-France et une participation – événement rare – à une émission télévisée, Pierre Laurent est au rendez-vous dans une brasserie de la place de Clichy. Dans ces dernières heures avant que les délégués l’élisent à la tête du PCF, c’est le moment où « le stress monte, où l’on ressent des impressions très fortes », reconnaît celui qui va succéder à Marie-George Buffet. Mais le stress est retenu. L’ancien journaliste de l’Humanité, directeur de la rédaction jusqu’à son départ, fin 2008, pour d’autres aventures place du Colonel-Fabien, se départit rarement de son calme souriant. Il ironise sur les commentaires de certains ex-confrères, qui annoncent, une fois de plus, la mort du Parti communiste, répétant à l’envi : « Marie-George Buffet laisse la place à un inconnu qui va éteindre la lumière. » De telles âneries n’ébranlent pas Pierre Laurent, elles ont plutôt tendance à lui donner envie d’administrer un camouflet à ces fossoyeurs aux trop courtes pelles, à démentir leurs sombres conjectures.

Il n’est pas candidat au martyre. « J’éprouve de la fierté de recevoir la mission de contribuer à donner un nouveau départ au Parti communiste français. Je ne viens pas là pour gérer un patrimoine ; je suis convaincu que notre parti peut occuper une place plus importante, être utile à la société. Quelque chose a changé depuis 2005 – lorsque les Français ont dit “non” par référendum à l’Europe libérale. » Le PCF enregistre environ six mille adhésions par an. « De nouvelles générations viennent renforcer le Parti. Il est temps de leur donner le pouvoir. » Déjà, dans de nombreux départements, le renouvellement générationnel a commencé.

Depuis le congrès de décembre 2008, pour lequel il s’était fortement investi à la tête de la commission de la résolution, Pierre Laurent occupait la fonction de numéro 2 du PCF. Il apparaissait au côté de Marie-George Buffet dans les manifestations, leurs déclarations étaient souvent cosignées. Son statut de successeur pressenti, soutenu par la dirigeante communiste, était implicite avant de devenir officiel.

Âgé aujourd’hui de cinquante-deux ans, Pierre Laurent est issu d’une famille de militants communistes parisiens. Son père, Paul, fut longtemps membre de la direction du PCF, au côté de Georges Marchais, et député de Paris. Il n’en fallait pas davantage pour que quelques mauvaises langues fustigent « l’héritier », « pur produit de l’appareil », formule reprise en boucle par quelques journalistes en mal d’inspiration. Ce à quoi, Pierre Laurent répond : « Je suis fier de ma famille et de ses valeurs. Je n’ai pas à la cacher ni à l’exalter. » Il n’a pas renié les valeurs militantes. Les habitants du 20e arrondissement de Paris, de Belleville à la place des Fêtes, connaissent le militant de terrain, qui vend régulièrement l’Humanité Dimanche sur le marché. « C’est vrai que je suis devenu communiste très jeune, que j’ai milité à la Jeunesse communiste puis à l’Union des étudiants communistes. »

Étudiant en sciences économiques à Tolbiac, il vient d’obtenir sa maîtrise lorsque Philippe Herzog, à l’époque responsable de la section économique du PCF, l’informe que l’Humanité cherche un journaliste dans sa spécialité. Il entre à la rédaction en 1985, à la rubrique économique et sociale, passe cinq ans plus tard à l’Humanité Dimanche. Avec Martine Bulard, rédactrice en chef, il créera l’Humanité Hebdo, qui disparaîtra en 1998. En 2000, il prend la direction de la rédaction de l’Humanité et en même temps il est élu au Conseil national du PCF, au congrès de Martigues, en pleine période de la « mutation » impulsée par Robert Hue.

L’Humanité a connu une grave crise qui met en danger son existence. Au côté de Patrick Le Hyaric, nommé directeur, il s’attelle au redressement de la situation. La campagne de 2005 pour le référendum européen mettra l’Humanité au cœur du débat politique et le PCF, de son côté, contribue de façon décisive à la victoire du « non ». Mais en 2007, l’échec de la candidature commune de la gauche antilibérale aboutit au résultat calamiteux de l’élection présidentielle. « Dans la foulée du succès de 2005, nous n’avons pas voulu profiter de notre succès et annoncer une candidature pour 2007, afin de favoriser un rassemblement, mais au final aucun rassemblement n’a eu lieu », analyse-t-il aujourd’hui.

Le choc de 2007 marque le retour de Pierre Laurent au cœur de l’action politique. Le Parti est en crise, des divisions le déchirent. Marie-George Buffet se bat pour restaurer son unité. Fait appel à Pierre Laurent pour animer la commission qui bâtira un texte de rassemblement des communistes, en bref, pour l’aider à déminer une situation explosive. Après le congrès de 2008, le destin de Pierre Laurent s’est précisé avec plus de netteté. Peu à peu. Dans la tradition communiste, si suspicieuse à l’égard de toute ambition personnelle, on ne se porte pas candidat. On le devient sur proposition émanant du collectif. En l’occurrence, la confiance de Marie-George Buffet a été l’élément déclencheur.

Depuis un an et demi, période marquée par deux élections – européennes et régionales – et la création du Front de gauche à l’initiative du PCF, Pierre Laurent, par ailleurs élu à la tête de la liste du Front de gauche en Île-de-France, est allé de département en département à la rencontre des militants. Dans et autour du PCF, il a vu « une richesse d’intelligences et de disponibilités, une très forte attente de renouvellement. Des jeunes, des syndicalistes, des intellectuels attendent beaucoup du PCF, non comme des supporters mais comme des citoyens qui veulent être maîtres de leur engagement ». Relancer le dialogue entre le Parti communiste et le monde de la création figure parmi les priorités de Pierre Laurent. L’Humanité reproduisait, il y a quelques mois, un débat avec l’homme de théâtre Jean-Pierre Vincent. « Il nous faut trouver des formes permettant une relation durable, localement comme au niveau national et professionnel. Il nous faut produire davantage d’idées, être plus offensif pour disputer le terrain idéologique, et porter plus fort la colère sociale. L’attaque contre les retraites nous met au pied du mur. Serons-nous, à gauche, à la hauteur de la colère qu’elle suscite ? Beaucoup dépend de nous. »

Les échecs de ces dernières années « nous ont fait perdre confiance, en nous, dans les possibilités de changer. Et pourtant, le capitalisme en crise et l’impasse dans laquelle les traités européens ont conduit l’UE valident ce que nous disons depuis quinze ans. Il y a des défaites politiques mais il n’y a pas de combat perdu d’avance ». Reprendre confiance. Pierre Laurent n’a pas l’intention d’éteindre la lumière.

 

Jean-Paul Piérot

Publié dans Actualité

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