Immigration: la droite, en panique, joue 2012 à quitte ou double

Publié le par Parti Communiste Français section Eu le Tréport

La phrase de Guéant sur « l’immigration incontrôlée », lancée à trois jours des élections cantonales, s’inscrit dans un jeu risqué de concurrence avec Marine Le Pen sur son terrain en vue de la présidentielle, quitte à lui ouvrir la voie du second tour dans plus de cent cantons ce dimanche.
On se souvient du discours tristement célèbre sur le « bruit et l’odeur » des immigrés et « le travailleur français (qui) devient fou », prononcé par Jacques Chirac en 1991, et immortalisé par Zebda. A l’époque, la préoccupation de la droite était déjà celle de marcher sur les plates-bandes du Front national, pour faire sauter les « tabous », stopper prétendument l’ascension de l’extrême droite, ramener les électeurs au « bercail » de la droite et asphyxier la gauche, désignée comme « laxiste ». On a vu l’effet pervers de ces discours : en attisant les ferments de l’intolérance et de la division, le FN n’a cessé de grimper, les électeurs préférant toujours « l’original à la copie ». Jusqu’à voir un soir d’avril 2002 au terme d’une campagne mêlant les thèmes de l’insécurité et de l’immigration, Le Pen accéder au second tour de la présidentielle, Jacques Chirac se qualifiant devant lui de justesse.
La phrase de Claude Guéant sur « l’immigration incontrôlée » et « le sentiment (des Français) de ne plus être chez eux » participe de la même veine que l’opération Chirac d’alors, qui dut déployer beaucoup d’efforts par la suite pour la faire oublier. Mais elle s’inscrit dans un autre contexte, celui d’une droite prête à tout, quitte à précipiter le pays dans de nouvelles crises, politiques cette fois, pour se maintenir au pouvoir.
Lancée à deux jours du premier tour d’élections cantonales, dont le résultat redouté pourrait prendre le visage d’une nouvelle raclée historique à droite, Claude Guéant est en mission pour le compte de l’Elysée. Objectif : tenter, dans une ultime manœuvre, de détourner la colère sociale pour la renverser en colère brune, et limiter ainsi la perte d’électeurs déçus de Nicolas Sarkozy ou les orienter vers le vote FN plutôt que vers les candidats de gauche. Une stratégie qui fait objectivement le jeu du FN et risque de carboniser cent à cent cinquante cantons de droite au profit de duels gauche-FN ou de triangulaires impliquant l’extrême droite. Mais qu’importe pour l’Elysée. Sarkozy voit plus loin et joue dès maintenant le coup d’après de 2012 à quitte ou double. Un calcul politicien qui consiste à espérer qu’à force de banaliser les discours de haine dans le pays, il pourrait peut-être en partager les retombées électorales avec Marine Le Pen, sur le dos de la gauche. Ou pas…

Sébastien Crépel

Publié dans Actualité

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