Dieppe s'ancre à gauche !

Avec une liste pour le second tour sans la tête de liste du Front de gauche - maire de Dieppe, Sébastien Jumel, on aurait pu imaginer une désaffection de son électorat à Dieppe. Loin de là, la cité d’Ango s’ancre plus que jamais à gauche, tout comme la Région qui offre à Alain Le Vern son troisième mandat.

Il n’y avait déjà pas foule des grands jours la semaine dernière mais, dimanche soir, second tour des élections régionales on pouvait circuler sans difficulté dans le hall de l’hôtel de ville tant quelques poignées seulement de personnes se sont déplacées pour assister au dépouillement.

Preuve s’il en est du désintérêt de ces échéances électorales qui certes ont enregistré une légère hausse de la participation (52,30 %) mais n’ont franchement pas passionné les foules. Alors, évidemment, dans de tels cas, on pouvait s’attendre à tous les cas de figure.

La grande inconnue résidait justement dans le résultat de la liste FN de Nicolas Bay soutenue par Jean-Marie Le Pen. Une élection des particules en quelque sorte avec Le Vern, Le Maire et Le Pen… Eh bien le score du Front national enregistre une sérieuse poussée dans bien des communes et affiche 14,2 % en Haute-Normandie ce qui lui assure six conseillers régionaux.

Dieppe bloque la poussée FN

A Dieppe le parti frontiste enregistre 10,78 %, un gros score dans une ville bien ancrée à gauche mais pas son résultat historique. Il n’empêche que le FN renoue avec des scores à deux chiffres.

Plus globalement, c’est la droite dieppoise qui a fait les frais des deux poussées de la gauche et de l’extrême droite. Avec 29,33 % c’est une vraie claque et quand on voit le score de 30,7 % au niveau régional avec pas moins de deux ministres d’Etat en première et troisième position, il y a de quoi poser question. A se demander s’il ne ferait pas partie du remaniement annoncé. L’UMP aura douze conseillers.

Alain Le Vern se voit crédité de 59,89 % dans la cité d’Ango et de 55,1 % pour la Haute-Normandie. Il retrouve donc pour la troisième fois son siège et installe trente-sept conseillers régionaux.

Commentant les résultats dans sa ville, Sébastien Jumel a salué « une grande victoire de la gauche rassemblée. J’avais appelé le peuple de gauche à répondre présent et il l’a fait avec plus de 59 %. Le maire de Dieppe y apporte un bémol : Je note avec inquiétude – même si à Dieppe on limite la casse – la montée du Front national tout cela à cause de la politique de casse du gouvernement. »

Sébastien Jumel se fait cinglant lorsqu’il pointe du doigt « l’échec cuisant de la droite locale » puis avertit : « le peuple de gauche de Dieppe devra se faire respecter   à la Région ».

Tandis que le président Alain Le Vern estime dans ses premiers commentaires que « le rassemblement s’est opéré au-delà des additions », Sébastien Jumel pose déjà ses jalons pour l’avenir. Un avenir très proche puisque le maire de Dieppe a déjà la tête au « troisième tour social qui doit avoir lieu ce 23 mars. Un moment fort contre la casse, contre la fermeture des services publics, la fermeture des classes… »

Mais au final, Sébastien Jumel en tire aussi des conséquences locales : « Je suis un maire heureux ce soir car Dieppe confirme son ancrage à gauche et ces résultats sont conformes à ceux que j’attendais, même au-delà d’ailleurs. Avec un premier tour où j’avais déjà progressé partout (+14 points par rapport aux Européennes et +5 points pour les régionales), là la droite locale s’effondre et la résistance à gauche stoppe la progression FN ».

Un électorat fidèle

Le fait que Sébastien Jumel quitte le navire au second tour n’a visiblement pas gêné son électorat alors qu’on aurait pu imaginer qu’il soit déstabilisé par cette attitude alors qu’il était tout de même rien de moins que tête de liste. Même situation du reste pour le député Jean-Paul Lecoq jusque-là troisième du Front de gauche. « Ce résultat conforte vraiment Dieppe comme une ville qui compte, qui a joué le jeu du rassemblement et Dieppe saura faire entendre sa voix à la Région… »

On peut légitimement se demander comment Dieppe parviendra à faire entendre sa voix sans avoir son maire sur les bancs de l’assemblée régionale. « Il y a des colistiers qui vont s’en charger comme Céline Brulin par exemple… J’ai choisi la voie la plus utile pour Dieppe notamment en tant que vice-président du Département. »

« C’est la confiance renouvelée pour le maire et son équipe »

Dans les premiers gros chantiers qu’il espère voir porter sur l’autel Sébastien Jumel pose des Assises industrielles : « Ce sera un premier acte fort, la gauche a du pain sur la planche ».

Reste la question portuaire. On sait que Sébastien Jumel avait clairement mis dans la balance la présidence du Syndicat mixte pour rester dans la course aux régionales et que, faute d’une réponse positive il a quitté la liste : « Je souhaite rencontrer rapidement le nouveau président de Région, il a fait la lecture des résultats de Dieppe au Tréport et nous nous positionnons comme force de proposition et de résistance, confortés par la légitimité du suffrage universel ».

Sur le plan dieppo-dieppois, le maire ne peut que se réjouir d’un tel résultat évidemment : « C’est la confiance renouvelée pour le maire et pour son équipe et un encouragement à poursuivre. 2010 sera la concrétisation d’un grand nombre de projets ».

Laurent Rebours
Informations Dieppoises